Vatican: premier face-à-face entre le président argentin et le pape François

Le Pape François et le président argentin. Ph de tiers


Après sa visite en Israël, Javier Milei est arrivé à la cité du Vatican. Le président argentin a assisté ce dimanche 11 février à la canonisation de Mama Antula, devenue la première sainte argentine. Il doit s'entretenir avec le pape François demain. Cette rencontre entre le Pape et le président argentin est d’autant plus attendue que la relation entre les deux compatriotes est partie sur de mauvaises bases.

Le président argentin, âgé de 53 ans, effectue sa première visite officielle à Rome deux mois après sa prise de fonction. Il s'est levé à l'entrée du pape en fauteuil roulant du fait de ses difficultés à se déplacer dans la basilique, au début de la cérémonie. Devant des centaines de fidèles, Javier Milei, souriant, s'est incliné pour recevoir l'accolade du souverain pontife dans la basilique Saint-Pierre, au terme de la messe de canonisation de la religieuse et missionnaire du XVIIIe siècle María Antonia de San José, connue sous le nom de « Mama Antula ». Les deux dirigeants ont également échangé quelques mots avant la messe, a indiqué le Vatican.

Ce premier face à face marque une étape dans une relation incertaine entre les deux hommes. Ces derniers mois, Javier Milei n'a pas été avare d'insultes envers le Pape. La relation entre le président argentin et le pontife a commencé avec les dénigrements répétés et même les insultes de Javier Milei à l’égard du Pape François. Il faut dire qu’à part leur nationalité argentine et peut-être leur opposition commune à l’avortement, tout oppose les deux hommes. Javier Milei est l’incarnation du « libéralisme sauvage », dénoncé inlassablement par le souverain pontife. 

Deux visions diamétralement opposées

Le président argentin, qui se définit lui-même comme un « anarcho-capitaliste » rêve d’une société sans État, qui serait entièrement organisée par la main invisible du marché, et considère que la justice sociale si chère à l’ancien archevêque de Buenos Aires est une « aberration », rapporte notre correspondant à Buenos Aires, Théo Conscience. Sur l'écologie, thème fort du pontificat, Javier Milei assure que le changement climatique n'est pas « une responsabilité de l'homme », là où le pape dénonce l'impact de l'homme sur la « Maison commune ».

À l’inverse, tout le message du pape François sur la pauvreté, l’importance des liens communautaires et le rôle de l’État entre en conflit direct avec l’individualisme libertarien du président argentin. C’est d’ailleurs ce que l’on peut lire entre les lignes dans les déclarations du pape au sujet de l'Argentine Mama Antula. Cette semaine, François a déclaré que la priorité qu’elle avait toujours donnée aux plus défavorisés faisait d’elle un exemple, « dans une société qui oublie que l’individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre ».

Cet antagonisme idéologique a poussé Javier Milei à tenir des propos très durs, voire parfois ordurier, à l’égard de son compatriote. Jusqu’à son élection, Javier Milei avait fait de son compatriote une des cibles principales de ses outrances chroniques. Il est allé jusqu’à le qualifier de « personnage néfaste », de « représentant du Malin sur Terre » et même de « gauchiste de merde ». Le ton de l’économiste a changé après que François l’a appelé pour le féliciter pour son élection en novembre et lui a envoyé un chapelet béni. Dès lors, le président s’est excusé auprès du pape et l’a formellement invité à venir dans son pays, ce qui serait une première depuis que l’ancien archevêque de Buenos Aires a été élu pape en 2013. Le souverain pontife a accepté ces excuses, disant faire la part des choses entre ce qu’un politicien peut dire quand il est campagne et ce qu’il fait une fois élu.

Vers une normalisation de la relation entre les deux hommes ?

C’est en tout cas le sens que la presse argentine donne à cette audience privée et à cette invitation à la canonisation de Mama Antula. Ce samedi, un éditorialiste argentin s’amusait même à dire qu’une réconciliation entre Javier Milei et le Pape serait le troisième miracle de la nouvelle sainte.

Ce lundi 12 février, la rencontre sera donc très scrutée en Argentine, avec une attention particulière au temps que les deux hommes passeront ensemble, qui est une sorte de thermomètre officieux de l’humeur de la réunion. Lors de sa première rencontre avec Alberto Fernandez, le prédécesseur de Javier Milei, le Pape était ressorti souriant au bout de 44 minutes. Cela avait contrasté avec le visage fermé qu’il avait affiché après un entretien de 22 minutes seulement, avec l’ex-président Mauricio Macri, quelques années plus tôt.

Cette rencontre survient au moment où le pays connaît un contexte politique tendu, marqué cette semaine par le revers au Parlement de la déréglementation massive de l'économie voulue par Javier Milei.

 Avec RFI et AFP

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