Sénégal: Passeport, carte consulaire vendus aux prix d'or, la diaspora congolaise interpelle Félix Tshisekedi


Mandaku Rémy est le Vice-Président de la communauté RD Congolaise au Sénégal. Humble et ouvert, l’homme a accueilli l'équipe d'election-net.com ce lundi, à partir de 20 heures 20 minutes. Dans cet entretien, il a évoqué de nombreux sujets pour expliquer les raisons qui ont abouti à la naissance du parlement congolais de Dakar.

Avec amertume, il lance un appel à Felix Tshisekedi, président de la République Démocratique du Congo pour qu’il intervient au plus vite possible, car lui et ses camarades congolais vivent dans une misère noire.

Il a étalé aussi des difficultés pour l’obtention d’un passeport vendu à 175.000 francs ; un fait désolant, à ses yeux, parce que les congolais résidant au Sénégal ne bénéficient d’aucuns moyens pour s’en sortir.

Affecté, Rémy Mandaku s’en désole du comportement de leur diplomate qui a fermé ses portes. A l’en croire, le temps Kabila (ancien président de la République) est révolu.

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En conséquence, il invite le chef de l'État, Félix Tshisekedi à changer les choses en nommant d’autres personnes qui peuvent coopérer avec eux.

Entretien…..

Election-net.com : Mandaku Rémy, vous êtes le vice-Président de COCOSEN (communauté congolaise résidant au Sénégal). Pouvez-vous m’expliquer c’est quoi le parlement ?

Mandaku Rémy : Merci, Mapote. Avant de répondre à votre question, j’aimerais éclairer mon parcours ici au Sénégal. Je fus le président de la communauté congolaise de 2007 à 2013 (association des ressortissants congolais ici au Sénégal) ; actuellement, ce n’est plus Ardeco, c’est la COCOSEN qui est actuelle communauté congolaise au Sénégal, le président répond au nom de Kilembe Duvert. Alors pour ne pas monopoliser la parole, je m’en vais vous expliquer maintenant le parlement.

Election-net.com : Comment et pourquoi ?

Rémy Mandaku: Nous avons vu hormis la communauté congolaise de la RDC basée au Sénégal, il y’a aussi d’autres nationalités ; par exemple les Nigérians ont aussi leur mutuelle, histoire d’une communauté.

D’habitude, ils font des réunions, c’est un Etat fédéral. Analysant, nous avons dit de notre côté, il faut aussi qu’on crée une branche qu’on appelle parlement, pas pour s’opposer à la communauté congolaise. On travaille ensemble parce qu’il y a certaines choses que la communauté ne peut pas supporter. Il s’agit de notre représentation diplomatique. C’est ainsi que le parlement a vu le jour. Même en France ou en Belgique, les Congolais ont l’habitude de se croiser ; ici au Sénégal, il y’a certains endroits qu’on appelle « Grand-Place » ( un terme wolof que les sénégalais utilisent ». C’est le lieu où les gens se retrouvent toutes les heures pour discuter.

Election-net.com : Exactement, quel est votre objectif ?

Remy Mandaku : Nous avons créé ce parlement pour être ensemble. Aussi, nous avons constaté des failles vis-à-vis de la communauté congolaise. Je cite le nom de COCOSEN : malgré nos difficultés, nous avons créé ce parlement, parce que la solution est là. Si une personne a des problèmes, elle vient au parlement pour qu’on trouve une solution. Je donne un exemple, vous (journalistes), vous venez de me dire que vous avez rencontré des congolais : ce sont eux qui t’ont indiqué le lieu. Nous abordons de nombreuses choses. Le président de la RDC Felix Antoine Tshisekedi est venu ici : au moment de son atterrissage, il a dit qu’il va voir les parlementaires. C’est par rapport à nos papas, nos grand-frères et à nos dirigeants de l’Ambassade qu’on puisse connaître nos problèmes. Je ne vais pas rentrer dans les détails sur certaines choses.

Election-net.com : Pourquoi ?

Rémy Mandaku: Nous, on défend notre droit. Je prends l’exemple du passeport. Pour l’avoir, c’est tout un problème ; il coûte énormément cher. Cela fait deux décennies que l’on traverse des moments difficiles. Il y’a des gens qui sont ici ; ce n’est pas parce qu’ils veulent être ici, c’est par rapport à la situation de notre pays. En étant au Sénégal, ils ne travaillent pas ; en plus ils n’ont pas les moyens pour s’en sortir. On vend le passeport à un prix élevé. Au Congo Brazaville, la carte consulaire coûte 15.OO francs cfa, chez nous en RDC on l’achète à 1500 Fcfa.

Election-net.com : Et le passeport ?

Rémy Mandaku: Il est à 175.000 francs cfa. Hormis la carte consulaire, il y’a aussi d’autres dossiers. Une maman qui vient d’accoucher, on lui demande 15.000 FCFA : c’est de la folie. Il y’a une certaine chose que l’on donne gratuitement. C’est notre gouvernement qui l’a voté oui ou non ; ou bien ce sont les gens de notre Ambassade. Voilà les difficultés que nous rencontrons ici au Sénégal. Donc, le passeport coûte cher, la carte consulaire y compris d’autres dossiers. Les Congolais ont des difficultés énormes. Même si un congolais de la RDC a un problème, vous ne verrez jamais un agent de l’Ambassade pour intervenir.

Election-net.com : Ah bon !

Rémy Mandaku : (un petit sourire) C’est désolant et décevant. Je donne l’exemple du président sénégalais Macky Sall. Lorsque les congolais ont eu des difficultés, il dépêche souvent le ministre des affaires étrangères pour s’occuper de nos problèmes. Ce n’est pas la même chose avec nos autorités diplomatiques.

Election-net.com : Quelle est la raison ?


Rémy Mandaku: Je ne sais pas si nous sommes leurs ennemis ou pas.

Election-net.com : Avez-vous cherché à rencontrer votre Ambassadeur pour arrondir les angles ?

Rémy Mandaku: On l’a fait.

Election-net.com : Quelle est la réponse ?

Rémy Mandaku: Monsieur, si nous sommes à cette étape, c’est par rapport à eux. Je ne dis pas qu’ils sont des voleurs, mais il y’a une mauvaise communication entre la communauté, le parlement et l’Ambassade. Notre situation est désagréable. Je dis bien que je fus le président de la communauté entre 2007 et 2013. J’ai vécu ici pendant deux décennies. Je connais bien le Sénégal plus que les sénégalais, Dakar plus que les dakarois.

Election-net.com : Pourquoi avez-vous quitté cette communauté pour en venir au parlement ?

Rémy Mandaku : Il faut tenir compte du temps. Je ne peux pas rester là-bas pour l’éternité. J’étais obligé de quitter pour en venir au parlement. J’ai cité un peu plus haut l’exemple des Nigerians, ils ont leur président ici au Sénégal ; c’est comme la même chose pour les sénégalais de France. Là-bas, vous verrez des Pulars, sarakhoulé ; chez nous cela n’existe pas. Parce que nous sommes tous unis ; nous formons une société multiraciale. La preuve : vous avez trouvé beaucoup de gens ici. L’Ambassade ne veut même pas parler de nous.

Election-net .com : Et Maintenant ?

Rémy Mandaku : Nous lançons un appel à Monsieur Felix Antoine Tshisekedi, président de la RDC pour qu’il puisse écouter nos gémissements, nos pleurs ; qu’il puisse intervenir par rapport à notre situation. Je peux même dire qu’il avait envoyé la semaine dernière un avion pour ceux qui veulent rentrer au bercail. Il nous faut une solution. Par rapport à l’Ambassade de la RDC à Dakar, je ne peux pas digérer, à cause de leur politique. Pour quelqu’un qui a fait dix ans à ce poste diplomatique, c’était la politique de Kabila. Felix Tshisekedi est la ; nous voulons qu’il change les choses. Qu’il envoie d’autres personnes qui pourront coopérer avec la communauté.

Réalisé par Mapote Gaye, à Dakar


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