Turquie: déjà 295 féminicides recensés depuis le début de l'année

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À l'occasion de la « Journée internationale de la fille », célébrée par les Nations unies le 11 octobre pour promouvoir la reconnaissance des droits des filles dans le monde, la Turquie se retrouve au cœur d'une tragédie qui relance le débat sur les violences faites aux femmes. Ces dernières semaines, plusieurs féminicides, dont le meurtre d'une fillette, ont bouleversé le pays.

C'est d'abord le meurtre de Narin, une fillette de 8 ans à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, qui a provoqué l’indignation. Une douzaine de personnes, dont sa mère, un frère et un oncle, sont actuellement en détention, les enquêteurs ayant la certitude que le crime a été commis en famille. À cela s'ajoute les meurtres de deux jeunes femmes, assassinées la semaine dernière à Istanbul par un même homme, qui a ensuite décapité l'une d'entre elles avant de se suicider.

Un système qui échoue à protéger les femmes

Ces crimes, bien qu'ayant beaucoup choqué en raison de leur brutalité, rappellent une réalité tragique que dénoncent les ONG féministes : la violence contre les femmes en Turquie. Depuis le début de l'année, au moins 295 femmes ont été tuées, le plus souvent par leurs conjoints, ex-partenaires, ou des membres de leur famille proche, tels que des pères, ex-maris, petits amis, ou frères.

Les ONG féministes en Turquie dénoncent un système qui ne protège pas les femmes. Elles soulignent les failles à plusieurs niveaux, notamment dans les commissariats où les plaintes des femmes victimes de violence ne sont pas toujours écoutées. Viennent ensuite les tribunaux, où certains juges trouvent encore des circonstances atténuantes à des auteurs de féminicide ; réduisent parfois la condamnation parce que le meurtrier s'est « bien comporté » à l'audience ; accordent une libération conditionnelle à des maris violents qui s'empressent d'aller tuer leur femme ; ou encore se permettent de commenter la tenue des femmes qui viennent témoigner.

Une responsabilité gouvernementale ?

Les organisations féministes tiennent les autorités responsables de cette situation. Bien que la Turquie dispose de lois adéquates sur le papier, le gouvernement privilégie la protection de la « famille », qu’il estime menacée par les mouvements féministes, le mouvement LGBT et les influences occidentales. Ce choix prioritaire a des effets négatifs sur les droits et la sécurité des femmes. Par exemple, en 2021, le président Erdogan a pris la décision de retirer la Turquie de la Convention d’Istanbul, un traité international du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes.

De son côté, le pouvoir a promis de nouvelles mesures après les meurtres des dernières semaines. Le ministre de la Justice a évoqué cette semaine la possible suppression des allégements de peine pour « bonne conduite » et une révision des mesures de liberté conditionnelle pour, selon, « en finir avec le sentiment d'impunité ». Le président Erdogan a utilisé la même expression.

Néanmoins, il a également défendu son bilan : il a affirmé que la Turquie avait fait  « un bond en avant » dans la lutte contre les violences faites aux femmes, que le retrait de la Convention d'Istanbul n'avait rien fait perdre aux femmes, et que la consommation d'alcool était la raison principale des violences, ce qu'aucune étude ne vient étayer. Des propos qui inquiètent plus qu'ils ne rassurent les ONG féministes turques.

Avec RFI 

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