L'affaire de la construction d'une prison à Kisangani prend des allures de thriller financier. Entre autorisations tacites, paiements suspects et démentis croisés, plusieurs institutions de la République se renvoient la balle autour d'un marché de 39,8 millions USD. Les documents officiels qui ont fait le tour des réseaux sociaux depuis la fin du week-end dernier révèlent un imbroglio troublant, où la transparence et les procédures semblent avoir été malmenées.
Un contrat né dans l'urgence… et l'opacité
Tout commence le 26 février 2025 : la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics (DGCMP) autorise le ministère de la Justice à utiliser à un marché de gré à gré avec la société ZION CONSTRUCTION SARL pour un montant initial de 39.877.067,96 USD. Motif : "l'urgence sécuritaire" et la nécessité de désengorger les prisons.
Pourtant, dans une "mise au point" publiée le 11 mai, le ministère de la Justice nie catégoriquement l'existence d'un tel contrat, qualifiant les documents circulant sur les réseaux sociaux de "fake news".
19,9 millions USD virés sur un compte fraîchement ouvert
La CENAREF (Cellule Nationale des Renseignements Financiers) entre en scène le 16 avril 2025, alertée par un virement suspect de 19,9 millions USD vers un compte de ZION CONSTRUCTION SARL, ouvert… la veille à la RAWBANK. Dans une lettre envoyée au premier ministre, l'institution financière demande des explications, évoquant une possible violation des procédures.
Le Ministère des Finances dans le déni… mais avec des réserves
Le 12 mai, le ministère des Finances publie un communiqué pour affirmer qu'"aucun paiement n'a été effectué par le Trésor public". Pourtant, il glisse une révélation troublante : "S'il s'avère qu'un tel paiement aurait été effectué, la source de financement serait donc ailleurs."
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Une phrase lourde de sous-entendus, qui laisse planer le doute sur l'existence de circuits parallèles de financement.
Les incohérences qui alimentent le scandale
1. L'autorisation tacite contestée : Le ministère de la Justice affirme avoir obtenu une "approbation tacite" du premier ministre, faute de réponse dans les délais. Mais cette procédure, bien que légale, est souvent signalée pour son manque de transparence.
2. Le compte ouvert en urgence : Pourquoi ZION CONSTRUCTION SARL at-elle dû ouvrir un compte à la RAWBANK en catastrophe, entraînant ainsi "300.000 USD de frais bancaires" ?
3. La réduction mystérieuse du budget : Le contrat initial de 39,8 millions USD aurait été "compressé" à 29 millions. Où est passée la différence ?
Qui dit vrai ?
Entre les enquêtes de la CENAREF, les démentis des ministères et les documents contradictoires, cette affaire soulève de sérieuses questions sur la gestion des fonds publics. Alors que le gouvernement se lance dans des « réformes anti-corruption », ce dossier pourrait devenir le symbole des dérives qu'il prétend combattre.
Une seule certitude : l'imbroglio est loin d'être résolu.
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