L'assignation à domicile de tous les membres du cabinet du premier ministre sortant par la première ministre Judith Suminwa Tuluka, après des révélations choquantes d'un entrepreneur congolais faites à la cheffe de l'exécutif national accusant un membre de ce cabinet sortant de l'avoir exigé 50.000 dollars américains avant de soumettre son dossier au signataire de la première ministre, fait réagir le chercheur en didactique des sciences sociales et enseignant des Universités, Stéphane Kalulumia Mpiene.
Dans un entretien avec la presse ce lundi 02 septembre 2024 à Kindu au Maniema, ce sociologue estime que cette situation constitue une question cruciale qui concerne l'avenir de la nation congolaise : "l'éthique dans la gouvernance et l'administration publique". Il appelle ainsi à une nouvelle gouvernance en RDC.
"Alors que la première ministre a récemment annoncé une assignation à domicile pour les membres du cabinet sortant, une occasion se présente pour réfléchir aux défis persistants au sein de plusieurs ministères. Ces défis, nourris par des pratiques de corruption et de conflits d'intérêts , entravent le développement et l'évolution de notre pays", souligne-t-il d'entrée de jeu.
Présentant cette problématique, Stéphane Kalulumia Mpiene soutient qu'"il est impératif de reconnaître que les problèmes d'éthique ne se limitent pas à un cabinet ou à une administration particulière. Plusieurs ministères, tels que la fonction publique, le budget, les finances, et l'enseignement supérieur et universitaire,… font face à des réalités similaires qui méritent une attention urgente".
Parlant de la situation de l'éthique dans la fonction publique, il rappelle que "depuis le départ du professeur Tabezi, une gestion désastreuse des effectifs et des rémunérations règne. Les agents sont souvent payés en dehors d'une chronologie correcte, ce qui crée des injustices et des frustrations au sein des fonctionnaires de l'Etat congolais".
Quant à l'enseignement supérieur, Stéphane Kalulumia Mpiene indique que « l'éthique semble avoir disparu, alors que les décisions concernant les nominations des autorités académiques ne reposent plus sur des critères de compétence. Cela a des répercussions directes sur la qualité de la formation et la crédibilité des diplômes délivrés". Il ajoute que "les conséquences vont mêmes sur les auditeurs de troisième cycle de doctorat : Les difficultés rencontrées par ces assistants et chefs de travaux pour obtenir leurs côtes , pendant des années, ils passent 5 à 10 ans de formation au lieu de 2 ans prévus pour la maîtrise et cela illustre un système à bout de souffle. Ce phénomène de tracasserie financière et d'injustice académique doit être dénoncé", lâche ce chercheur.
Pour lui, cette situation doit être abordée de manière dialectique, en confrontant les problèmes à des solutions possibles. "D'une part, nous avons un système gangrené par la corruption et l'incompétence. Les acteurs politiques doivent prendre conscience de leur responsabilité morale. Les chefs de partis politiques, qui s'autoproclament les autorités morales, doivent faire un examen de conscience. Comment peuvent-ils prétendre à l'autorité morale si leurs pratiques ne transmettent pas cette valeur ? D'autre part, nous avons la possibilité de puiser dans les ressources humaines et intellectuelles de notre société, les confessions religieuses bien organisées et apolitiques, pourraient apporter des compétences solides pour renforcer l'administration publique. Ces structures, éloignées des jeux politiques, pourraient contribuer à une gouvernance éthique et responsable".
Il conclut qu'"il est temps pour notre gouvernement, sous l'égide de la Première ministre et du Chef de l'État Félix Tshisekedi, d'agir". "La création d'un cadre éthique solide est non seulement une nécessité, mais une urgence pour la cohésion sociale et le développement durable de notre pays", martèle Stéphane Kalulumia Mpiene tout en appelant à une réflexion collective et à un dialogue constructif qui inclut toutes les parties prenantes, y compris les intellectuels, les confessions religieuses et la société civile, pour bâtir ensemble un avenir meilleur.
"Il est temps de passer de la parole à l'action. Ensemble, nous pouvons redresser la barre et garantir un avenir où l'éthique et la responsabilité sociale sont au cœur de notre administration", a chuté le chef des Travaux Stéphane Kalulumia Mpiene
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