Alors que l’incertitude plane toujours sur le processus électoral censé aboutir à la tenue de la présidentielle en décembre prochain, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) met au point sa propre stratégie. Selon nos sources, le parti au pouvoir a ouvert des discussions il y a près d’un an avec le Libanais Kamal Feghali afin de le recruter comme expert électoral. Peu connu du grand public, ce dernier est bien introduit dans les sphères politiques.
« On veut lui mettre la pression »
Il a en effet travaillé, entre autres, pour le compte du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de Joseph Kabila, lors des élections de 2011 et 2018. Dans les rangs de l’UDPS, un responsable contacté par _JA_ a préféré ne pas répondre à nos questions. Selon nos sources, les négociations ont été initiées par Adolphe Lumanu, ex-directeur de cabinet et ministre de l’Intérieur de l’ex-président, désormais rallié à Félix Tshisekedi. Son idée initiale était de rapprocher Kamal Feghali du gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila.
Toujours est-il que le 4 mars, Kamal Feghali a été arrêté par l’Agence nationale de renseignement (ANR), dirigée par Jean-Hervé Mbelu Biosha. Il en a quitté les locaux deux jours plus tard, avant d’être placé en résidence surveillée.
« L’ANR lui a dit qu’elle voulait garantir sa sécurité,_ explique l’un de ses proches. _Il est actuellement installé dans un appartement et suivi par un agent de l’ANR. On veut lui mettre la pression. »
Mais que lui reproche-t-on ? « L’ANR soupçonne qu’il peut, à partir de son domicile, prendre le contrôle du serveur de la centrale électorale, ce qui est faux,_ ajoute une source proche du dossier. Ses effets informatiques confisqués lui ont été remis ».
Lié à Corneille Nangaa
Proche, entre autres, de Corneille Nangaa, l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) désormais candidat à la présidentielle, Kamal Feghali a une expérience reconnue. Arrivé en RDC en 2005 comme expert électoral pour la Monuc (devenue Monusco) après avoir rejeté l’offre de la mission onusienne pour le même poste au Mexique et en Irak, il a notamment contribué à l’écriture de la loi électorale.
Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) l’a ensuite mis à la disposition de ce qui était à l’époque la Commission électorale indépendante (CEI), alors dirigée par l’abbé Apollinaire Malu Malu, afin de contribuer à la réussite des élections de 2006, lesquelles ont finalement abouti à l’élection de Joseph Kabila. C’est en 2010 qu’il sera officiellement recruté par Augustin Katumba Mwanke, l’un des hommes forts du régime Kabila aujourd’hui décédé, cette fois pour le compte du PPRD.
Avec JeuneAfrique
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