RDC/Mon frère de Tshisekedi à Kagame : "Celui qui gagne par la ruse est plus intelligent que celui qui le fait par la violence", Cyprien Kapuku


La sortie médiatique du président Rwandais, Paul Kagame, sur la République Démocratique du Congo et l'audience lui accordée par le président congolais et Président en exercice de l'Union Africaine, Félix Tshisekedi, ne cesse de faire parler d'elle.

Plusieurs Congolais, de la diaspora comme au pays sont restés perplexes faces aux violences verbales de Paul Kagame sur l'insécurité dans la partie orientale de la RDC.

"Mon frère", la formule qui divise les Congolais, est sortie de la bouche de leur président Félix Tshisekedi, recevant le président rwandais à Paris, en marge du sommet de Paris sur le financement des pays africains pour faire face à la covid19. Devrait-il procéder par cette formule face à un dirigeant dont le pays est très cité dans les tueries à l'est de la RDC ? Ou encore utiliser la formule : "Mon ennemi" ? Voici l'analyse, en cinq points, de Cyprien Kapuku, Journaliste et chercheur en Relations Internationales:

Déclaration tapageuse de Kagame, ce que j’en pense en cinq points :

Paul Kagame n'est pas Congolais

-D’entrée de jeu, on ne doit pas perdre de vue que Paul Kagame n’est pas Congolais. Il est Rwandais. Pourquoi ses propos devraient autant déranger comme si c’était un Congolais qui les avait dits. Il faut prendre ça dans le cadre de l’animosité entre ces deux voisins qui ne se supportent pas souvent . C’est à la République démocratique du Congo d’en répondre.

C'est la fin qui justifie les moyens

-« Mon frère ». Devrait-il dire « mon ennemi » ? Non. C’est manquer de tact. Si on a un peu de connaissances en diplomatie, cette formule de courtoisie (mon frère) ne devrait pas être interprétée comme un aveu d’impuissance, au point de tiquer la majeure partie de l’opinion congolaise- même si on peut comprendre sa frustration- bien au contraire. Puisqu’on a vu des frères entrer en conflit et s’entretuer. Et très Souvent, c’est une personne tierce qui vient les séparer. En période d’escalade verbale, les uns optent pour le hard power, les autres y vont par le soft power, ça fait partie des techniques diplomatiques. C’est la fin qui justifie les moyens. Généralement, en diplomatie, on préfère en finir avec son adversaire en douceur, en le caressant dans le sens du poil. C’est d’ailleurs la méthode la plus recommandée en cette matière. Celui qui gagne par la ruse est plus intelligent que celui qui le fait par la violence, jugée parfois comme arme des faibles.

Des excuses officielles du Rwanda ?

-Que doit faire la République démocratique du Congo ? Dans ce genre de situation, le pays qui se dit offensé (la RDC) exige des excuses officielles de la part du pays offenseur (Rwanda). C’est ce qu’on appelle la réparation morale. Le Rwanda est-il tenu de le faire ? Pas sûr. Mais cela ne devrait pas forcément conduire à la rupture des relations entre les deux pays. Ce serait une erreur, à ce stade des tensions, d’envisager cette voie comme certains seraient en train de la réclamer.
En cette matière, l’histoire récente des Relations Internationales est riche en exemple.
En effet, cela fait plus de 70 ans que la Chine court toujours derrière les excuses officielles du Japon dans l’affaire massacre perpétré par son armée dans la ville de Nanjing, province chinoise du Jiangsu (en décembre 1937, bien avant le début officiel de la deuxième guerre mondiale).
Malgré le refus catégorique de différents gouvernements nippons, les deux pays sont en assez bonne relation. La Chine est actuellement l’un des partenaires économiques importants du Japon. Ils siègent dans plusieurs mécanismes de coopération régionale. Même chose entre le même Japon et la Corée du Sud (voir l’affaire des esclaves sexuels). Voir également la reconnaissance ou la négation du génocide arménien. Le sujet divise actuellement la Turquie de Recep Tayyip Erdogan.

Et si le Rwanda refuse la réparation morale

-Pendant ce temps, si le Rwanda refuse de réparer moralement, la RDC peut, en toute logique, appuyer là où le Rwanda aura aussi mal. Il suffit d’identifier ses points névralgiques. Ainsi, la poire sera coupée en deux, en attendant le dénouement de la situation.

Que faire ?

-Au demeurant, il appartient à la République démocratique du Congo de travailler sur l’affirmation de sa puissance d’abord à l’interne, puis sur le plan régional. Ce ne sont pas les moyens qui lui manquent. C’est seulement dans ces conditions que certains pays seront obligés à tourner la langue sept fois avant de lancer des invectives contre elle. Le rapport de forces étant de mise en Relations Internationales

Cyprien Kapuku, Journaliste et chercheur en Relations Internationales


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