RDC: l'opposant Adolphe Muzito «ne veut pas rester statique» (Interview)


En RDC, neuf mois après l'arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, le cardinal archevêque de Kinshasa conseille à l'opposition de ne pas s'accrocher à la vérité des urnes et d'évoluer. Adolphe Muzito, l'un des leaders de cette opposition, réagit au micro de Christophe Boisbouvier.

RFI : Emmanuel Macron vient d’annoncer que la France va investir 65 millions d’euros en faveur de la modernisation de votre pays. C’était à l’occasion du Forum de Paris pour la paix, les 12 et 13 novembre, où le président congolias était un invité d'honneur. Est-ce que votre stratégie pour isoler Félix Tshisekedi sur la scène internationale n’a pas échoué ?

Adolphe Muzito : Non. Nous n’avons pas voulu isoler monsieur Tshisekedi sur la scène internationale, ce serait isoler le pays sur la scène internationale. Ce n’est pas notre objectif. Nous avons tout simplement dit que le contexte de la crise, telle que nous la vivons, ne sera pas de nature à favoriser les investissements extérieurs, même pas les investissements internes au pays. Vous voyez comment se passe aujourd’hui la cacophonie au sommet de l’État. Mais parlons un peu de ces 50 ou 60 millions de dollars, ce sont des cacahuètes, c’est de la charité. Ce que nous voulons pour notre pays, ce sont des investissements d’importance parce que le Congo, c’est un pays à construire. Et Tshisekedi n’a pas un programme approprié à cet effet. Il n’a pas engagé des réformes pour mobiliser l’argent sur le marché financier et international.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo soutient le programme de changement de Félix Tshisekedi. Le Fonds monétaire international (FMI) va peut-être accorder d’ici la fin de l’année un programme et des facilités de crédit au gouvernement présidé par Félix Tshisekedi. Vous avez dénoncé les conditions de son élection. Vous avez dit qu’il n’était pas légitime. Mais n’est-il pas reconnu de fait par la communauté internationale ?

Oui, il est reconnu de fait par la communauté internationale. Mais comme vous vous rendez bien compte, le FMI et la Banque mondiale ont soumis cette aide à des conditionnalités qui exigent des réformes que monsieur Tshisekedi ne saura pas engager dans les conflits qui l’opposent à monsieur Kabila, qui semble ne pas lui faciliter la tâche à cet effet. Tout ceci découle de ce que le pouvoir qu’ils ont est illégitime. Vous voyez bien la cacophonie, aussi bien au niveau de la base des deux partis politiques qu’au sommet à travers les cadres qui aujourd’hui n’arrivent pas à s’entendre.

« Nous avons dénoncé le mensonge spectaculaire des élections de décembre dernier, rappelle le cardinal archevêque de Kinshasa, monseigneur Ambongo. Mais l’histoire évolue, nous n’allons pas rester accrochés à la vérité des urnes. Nous devons évoluer. »

Il a dit « Nous devons évoluer ». Évidemment, parce que nous, nous ne disons pas qu’il faut rester statiques. Nous avons dit que la vérité des urnes pour laquelle nous nous battons suppose la souveraineté du peuple. Monseigneur Ambongo est d’accord avec le plan de sortie de crise, proposé par Martin Fayulu, selon lequel il faut aller aux élections, il faut consulter le peuple pour mettre fin à l’illégitimité actuelle. Pour cela, il faut mettre en place une institution que nous appelons Haut Conseil pour les réformes institutionnelles et pour qu’on aille rapidement aux élections au bout d’une année et demie, deux années maximum.

Vous demandez en effet la création d’un Haut Conseil national pour les réformes institutionnelles (HCNRI), qui serait dirigé par votre coalition Lamuka, alors que le tandem au pouvoir Front commun pour le Congo (FCC pro-Kabila) et Cap pour le changement (Cach pro-Tshisekedi) se concentrerait sur l’exécutif, c’est ça ?

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