RDC : Constant Mutamba, le soignant de "la justice malade" ou l'incarnation du populisme ?

Photo d'illustration


Le 22 février 2024, le président Félix Tshisekedi déclarait que la justice de la République Démocratique du Congo était « malade », suite à une question sur la détention du journaliste Stanis Bujakera Tshiamala, libéré un mois plus tard. Cette déclaration a ouvert la voie à l'espoir de réformes significatives.

En mai 2024, le président a nommé Constant Mutamba Tungunga au poste de ministre de la Justice dans son nouveau gouvernement. Cette nomination a été accueillie avec espoir par les Congolais, qui y ont vu un signe de la volonté de Tshisekedi de réformer un système judiciaire défaillant.

Ancien député national, Mutamba s'est distingué par ses propositions législatives ambitieuses, allant de l'octroi de parcelles aux jeunes entrepreneurs à la criminalisation de l'homosexualité. Toutefois, son arrivée au ministère a suscité des doutes quant à sa capacité réelle à réformer le système judiciaire. Dès sa prise de fonction, il a attiré l'attention par des gestes symboliques controversés, comme apparaître à la cérémonie de remise des pouvoirs avec un chien en laisse, un acte perçu par certains comme un signe de fermeté, mais aussi par d'autres comme une démarche populiste.

Depuis sa nomination, Mutamba a pris une série de mesures par le biais de communiqués de presse, parfois en contradiction avec les lois existantes. Parmi ces mesures, on note l'injonction de réprimer les actes homosexuels, la mise en place d'une nouvelle procédure pour la délivrance des passeports, et des initiatives telles que la création d'une cantine matinale et des « consultations populaires » hebdomadaires. Il a également pris des décisions controversées comme l'interdiction d'installer des églises à moins de 500 mètres les unes des autres et l'obligation pour les pasteurs d'obtenir un permis de culte.

Ces actions, souvent médiatisées, soulèvent des questions sur leur pertinence par rapport aux véritables défis auxquels fait face le système judiciaire congolais. L'absence de réformes substantielles sur des questions cruciales comme l'impunité des crimes économiques, la surpopulation carcérale, et la lenteur de la justice contrastant avec l'abondance de mesures moins centrales.

Alors que Constant Mutamba continue de multiplier les annonces et les initiatives, les observateurs se demandent si ces efforts sont réellement destinés à soigner la « justice malade » ou s'ils ne sont que la manifestation d'un populisme superficiel. Le temps dira si ces actions auront un impact significatif ou si elles resteront une série de gestes symboliques sans portée réelle sur l'amélioration de la justice en RDC.

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