Négociations RDC-RWANDA : des Wazalendo oubliés, le Kivu est-il un Gaza en devenir ?

Les Wazalendos ©dt


Alors que la République démocratique du Congo explore la voie diplomatique pour désamorcer la crise sécuritaire dans l’Est du pays, les négociations indirectes avec le Rwanda, notamment au Qatar sous médiation américaine, soulèvent plus d'interrogations majeures. 

L’une d’elles concerne le sort des Wazalendo, ces groupes armés patriotiques congolais qui combattent activement le M23 aux côtés des forces armées nationales.

Cette situation rappelle, dans une certaine mesure, la montée en puissance du Hamas palestinien à la fin des années 1980. Né durant la première Intifada [ un soulèvement populaire contre l’occupation israélienne ], le Hamas s’est imposé comme une alternative au Fatah et à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), jugés inefficaces par une partie de la population. L’OLP était jusque-là la principale représentante politique des Palestiniens sur la scène internationale.

La montée du Hamas a été favorisée par un double vide : celui de la réponse militaire et celui du soutien social offrant des services dans les quartiers défavorisés, tout en incarnant la résistance, le Hamas s’est ancré dans le quotidien des populations locales. Le refus de certains acteurs internationaux de le considérer comme interlocuteur a contribué à sa radicalisation progressive.

En RDC, les Wazalendo répondent à une logique comparable. Créés de manière spontanée et issus de groupes d’autodéfense existants, ils comblent le vide laissé par un État affaibli dans certaines zones. Mais contrairement au Hamas, leur structure est éclatée, leur vision souvent locale et leur avenir institutionnel incertain. Leur présence sur le front face au M23 est pourtant significative et interrogative, tant sur le plan militaire que psychologique.

Malgré cela, les différentes médiations en cours ne tiennent pas compte de leur existence. Sur terrain, les tensions sont palpables. Certaines factions rejettent les accords en discussion, tandis que la collaboration avec les FARDC reste marquée par la méfiance. Ce climat pourrait, à terme, créer un terrain propice à de nouvelles formes d’instabilité, si aucune intégration ou reconnaissance politique claire n’est envisagée.

L’histoire récente montre que les mouvements issus du terrain, ignorés par les processus politiques, finissent souvent par s’imposer par la force ou sombrer dans une dérive incontrôlable. Dans ce contexte, la RDC devra arbitrer entre une stratégie d’inclusion réfléchie ou le risque d’alimenter une nouvelle zone de tension durable.


 Éditorial de Serge Yann Ntombolo

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    andre claudel

    nous voulons la paix

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