Maniema : sur fond d'une crise interminable, la  province au bord de la dérive

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Près de deux mois après l'ouverture de la session ordinaire de mars à l'Assemblée provinciale du Maniema, aucune plénière n'a jusque-là été organisée par cet organe délibérant du Maniema.

La crise née des pétitions initiées par un groupe minoritaire de députés provinciaux contre les membres du bureau définitif, est encore loin de trouver son dénouement. Les élus provinciaux qui composent la première institution politique du Maniema, sont depuis plusieurs jours dans la capitale congolaise sur invitation d'un Sénateur élu de la province qui tente une médiation entre les deux camps opposés au sein de la représentation du peuple en province.

Approché par election-net.com pour analyser cette situation, le Coordonnateur provincial de la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC), Kastaim Mputu, parle d'une situation d'un "non État".

"En réalité, la province du Maniema est en train de vivre une situation qu'on peut qualifier d'un non État. La République démocratique du Congo a choisi la forte décentralisation comme mode de gestion de la République. C'est-à-dire qu' il fallait qu'on trouve dans chaque province au moins deux institutions légalement établies. C'est-à-dire l'assemblée provinciale qui est la première institution politique, et cette institution doit avoir à son sein les députés provinciaux avec un bureau. Et nous devons aussi avoir un gouvernement provincial. Malheureusement pour le le Maniema, presque toutes ces deux institutions ne fonctionnent pas", a-t-il déploré, avant de poursuivre :

" Aujourd'hui l'assemblée provinciale du Maniema est en crise interminable, une crise qui ne dit pas son nom. À cause des gué guerres qui ont émaillé cette assemblée, le ministre de l'Intérieur a rédigé une lettre pour fermer les activités de cette assemblée provinciale. En réalité, il n'a pas qualité de le faire. Parce que l'assemblée provinciale ne dépend pas directement de lui, mais néanmoins, cette lettre est entrée en vigueur, et jusqu'au jour d'aujourd'hui, il y a crise. Cette crise est due parce que le bureau de l'Assemblée provinciale est visé par une pétition. Cette dernière met en doute l'exécution des travaux par le bureau définitif. C'est pourquoi, on a installé un bureau d'âge. Même quand cette session de mars a commencé, il y avait deux ouvertures de session. Et toutes ces deux ouvertures, par voie téléphonique. Le bureau d'âge a ouvert la session, et le bureau définitif aussi a ouvert la session. 

Cela montre à suffisance qu'il y a crise, réellement une crise profonde. Et jusqu'au jour d'aujourd'hui, la mesure prise par le ministre de l'Intérieur n'a jamais été levée, la pétition n'a jamais été examinée, tout est bloquée, la province est complètement bloquée. Donc, même le contrôle parlementaire ne peut plus se faire au niveau du gouvernement provincial. La mission de représentation qu'ont les députés ne se manifeste plus, et encore, légiférer, n'en parlons pas. Parce qu'il n'y a pas moyen qu'on puisse légiférer quand il n'y a pas des plénières".

 Conséquences de la crise au sein de l'assemblée provinciale

D'après lui, cette situation est sans conséquences dans la marche de la province.

" Au niveau de la Nouvelle Société Civile Congolaise nous voyons que la province est complètement plongée dans un trou noir. L'exécutif provincial qui est là, exerce ses fonctions en intérimaires, échappant au contrôle parlementaire des députés provinciaux. 

Et ces derniers ne peuvent pas exercer ce contrôle en réalité. Parce qu'ils sont dans une situation de suspension. La province connaît toutes ces formes de crise dans lesquelles l'Assemblée provinciale devrait intervenir, même l'insécurité qui bat le plein aujourd'hui dans la province du Maniema, les députés pouvaient intervenir d'une manière ou d'une autre, même avec des motions, même avec des questions orales avec débat au niveau de l'assemblée provinciale, mais cela ne se fait pas, c'est pourquoi il y a une léthargie au niveau de l'assemblée et au niveau du gouvernement provincial. Comme les deux institutions ne fonctionnent pas convenablement, tout est complètement chaotique. C'est pourquoi la crise de l'assemblée provinciale se déverse aussi en situation plus complexe dans la province du Maniema", a-t-il souligné.

 Appel à un retour à la légalité

Pour sortir de cette situation, le numéro un provincial de cette structure citoyenne appelle à un retour à la légalité en province.

" Comme nous sommes à la fin de cette législature, il serait raisonnable que le gouvernement national par le biais de son ministre de l'Intérieur qui a aussi la Sécurité dans ses attributions, puisse avant tout lever la mesure, qu'on laisse la province fonctionner comme une province ordinaire. Et de deux, qu'on laisse la largesse à l'Assemblée provinciale de se mettre en branle de travailler comme il se doit, pour que les missions lui assignées puissent être mises en exergue ou puissent être mises en branle et travailler comme il se doit. Malheureusement, la crise au niveau du gouvernement ne permettra même pas à ce que l'assemblée provinciale puisse s'ouvrir", a-t-il insisté.

Et d'ajouter :

"La Nouvelle Société Civile va demander au chef de l'État qui est le garant du bon fonctionnement de toutes les institutions de prendre à bras le corps la situation de crise que connaît le Maniema. C'est-à-dire rétablir la légalité. Or, le rétablissement de la légalité dépend non seulement du retour des députés, mais aussi que l'exécutif soit aussi élu convenablement. Je crois que c'est là que la crise peut se terminer dans la province du Maniema". 

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  • À la question de savoir si est-il opportun d'organiser les élections du gouverneur et vice-gouverneur à quelques jours de la convocation de l'électorat par la CENI en prélude des élections générales de décembre 2023, le coordonnateur provincial de la Nouvelle Société Civile Congolaise a réagi en ces termes :

    "C'est opportun. C'est opportun pourquoi ? Il faut remettre seulement la légalité. Si nous revenons à la légalité, il y aura bon fonctionnement de toutes les institutions. Parce que le gouvernement provincial aujourd'hui ne sera pas contrôlé par l'assemblée provinciale, parce que c'est un intérimaire. Et l'assemblée provinciale ne saura pas fonctionner parce qu'il y a les pesanteurs politiques qui déséquilibrent complètement la province du Maniema. Et la province du Maniema n'est même pas dans l'agenda du chef de l'État. Il faut le reconnaître, le chef de l'État est loin de la province du Maniema. C'est une province qui ne l'intéresse même pas. Il faut qu'il prenne à bras le corps parce qu'il a l'imperium de la République. 

    Ce n'est pas le Congo ni le Maniema. C'est le Congo. Si c'est le Congo, ce sont les 26 provinces en entier, et le Maniema y compris. Et s' il mettait réellement de la sagesse d'un chef à lui de raisonner que le Maniema doit fonctionner convenablement avec les deux institutions légalement établies. Aussi longtemps que ces institutions ne sont pas réellement établies convenablement, nous allons vivre la situation chaotique jusqu'au jour où nous allons avoir les élections proprement dites".

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