Lubumbashi : Justicia ASBL dénonce un nouvel enlèvement d'un opposant politique et une dérive autoritaire

L'opposant politique John Mbangu


Dans un communiqué de presse du 15 janvier parvenu à Election-net, Justicia ASBL, une organisation de promotion et de protection des droits de l'homme, du droit humanitaire et développement basée en République Démocratique du Congo dit qu'elle est "très sérieusement". inquiète de la dégradation de la situation politique dans la province du Haut-Katanga, plus particulièrement à la suite de l'usage des méthodes barbares par les services de sécurité procédant à l'enlèvement et à la détention des opposants politiques en raison de leur opinion sur la gestion du pays".

Cette inquiétude de Justicia ASBL fait suite à un nouveau cas d'enlèvement par les hommes se présentant comme des agents des services de sécurité, de l'opposant politique John Mbangu, communicateur du parti Ensemble pour la République de l'opposant politique Moïse Katumbi Tchapwe .

En effet, explique le communiqué de Justicia ASBL, "selon des vidéos devenues virales et largement partagées sur internet ce mercredi 15 janvier 2025, des éléments des services de renseignements de la police ont procédé à l'enlèvement du militant et opposant politique John MBANGU devant le siège de la radio télévision HK6 où il participait à une émission". Il est amené à une destination encore inconnue, à en croire ses membres de famille, cités par Justicia ASBL.

D'après toujours la même source, "si au stade actuel, il est difficile de dire avec exactitude les motifs de cet enlèvement ignoble, suivi d'un ligotage des mains et d'une humiliation indigne dans un État qui se veut de droit, tout laisse croire que l'enlèvement de John MBANGU est consécutif à ses prises de position opposées au changement de la constitution, telle que voulue par le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi".

Contacté ce jeudi 16 janvier par Election-net.com, le président de Justicia ASBL, Maître Timothée Mbuyi indique qu'il n'a jusque-là "aucune nouvelle de l'opposant enlevé. On ne sait pas si il est détenu à la police ou dans un cachot de l'ANR. Et c'est inquiétant", répond-il à l'une des questions écrites d'election-net.com.

Ensemble pour la République plus ciblé !

En outre, JUSTICIA Asbl constate avec regret que ceux du camp qui prônent le changement de la constitution peuvent se prononcer en toute liberté et sans aucune inquiétude, alors que ceux qui s'y opposent sont très tragiquement inquiétés". 

Et de poursuivre : "C'est le cas de Jean Claude NDALA, un autre opposant et membre du parti politique Ensemble pour la République, enlevé et détenu au secret dans les cachots de l'Agence nationale des renseignements, ANR/Haut-Katanga où il a passé environ 20 jours avant son transfert au Parquet près le Tribunal de Grande instance de Lubumbashi".

Selon Timothée Mbuyi, "Ensemble pour la République est parmi les partis politiques les plus exposés en ce moment. D'une part, en raison de leur opposition catégorique à un mandat de plus au chef de l'État actuel ou du changement de la constitution et d'autre part, en raison des déboires sécuritaires que le Président Katumbi a connu avec le dossier de la construction d'un aérodrome", explique le président de Justicia ASBL.

Toujours dans son communiqué publié le mercredi 15 janvier, Timothée Mbuyi indique que : l «La politique d'intimidation ou d'étouffement des libertés d'expression et d'opinion est une  pratique liberticide dans une démocratie et ne peut nullement favoriser l'éclosion de la «vérité».

Il explique à Election-net.com que cette politique s'explique par le fait que " la plupart de ces personnes arrêtées se sont exprimées sur la gestion du pays et se sont opposées au changement de la constitution et elles ont annoncé des actions de grande "envergure pour empêcher ce changement de la loi fondamentale".

"On suppose donc qu'elles sont arrêtées pour cette raison, alors que les autorités tolèrent que les acteurs politiques du pouvoir puissent communiquer ou mobiliser. Il n'est donc pas difficile de conclure que ces arrestations visent à intimider ceux qui sont opposés au projet du changement de la constitution", a-t-il poursuivi.

Vers une dictature et une intolérance inadmissibles

À la question de savoir quelle incidence cette politique pourrait-elle avoir sur l'avenir politique du pays, Timothée Mbuyi souligne que « la première incidence est liée à l'image du pays qui ne fait que se ternir. Ensuite, les gens vont avoir peur d'être arrêtés et ils ne vont pas participer à la gestion du pays de manière active". À lui de prévention : "Le pays risque de sombrer dans une dictature et une intolérance inadmissibles"

Justicia ASBL pour Katumbi ?

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  • Reprochée d'être une structure impartiale, qui ne dénonce que lorsqu'il s'agit du parti politique Ensemble pour la République, Timothée Mbuyi déclare : "Les reproches sont pour nous comme une sève qui nourrit une plante. Nous travaillons sur plusieurs thématiques qui ne concerne pas que le parti Ensemble pour la République. Nous parlons de l'insécurité, de la protection de la femme et de l'enfant, des conditions de vie des populations, de la gouvernance, de la lutte contre la corruption, de l 'accès à la justice,...ceux qui nous critiquent aujourd'hui, ne le faisaient pas hier quand ils étaient dans l'opposition".

    Le gouvernement invité à ne pas laisser la main libre aux services de sécurité

    Pour Timothée Mbuyi, "c'est incompréhensible qu'en même temps, les efforts sont fournis pour améliorer la réputation du pays au sujet de violation des droits de l'homme. Ma lecture est que le gouvernement ne devrait pas laisser la main libre aux "Les services de sécurité qui se permettent de monter parfois des dossiers dits sécuritaires dans un souci lucratif. Nous sommes en démocratie, cela suppose que les personnes puissent avoir le droit d'émettre un avis sur le fonctionnement des institutions".

    Ainsi, JUSTICIA Asbl invite les services de sécurité à revenir au bon sens et éviter d'exacerber la situation sociale déjà plus que tendue à la suite de la recrudescence de l'insécurité dans la Province du Haut-Katanga.

    La même structure invite, par ailleurs, le Président de la République à donner un mot d'ordre à tous ces services dépendant de lui pour faire cesser ces actes d'intimidation et d'harcèlement contre les opposants politiques.

    "Elle exige enfin aux partis politiques de l'opposition de continuer à exercer leurs droits constitutionnels de liberté d'expression démocratique sans lesquels, la dictature de triste mémoire se réinstallerait dans notre pays", conclut le communiqué.

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