Les jeunes de Kipushi, une localité située près de Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga, se sont réveillés sous le signe de la colère et de la protestation. Leur mécontentement est dirigé contre la gestion de l'entreprise minière Kipushi Corporation (Kico), accusée de ne pas répondre aux attentes de la population locale et de ne pas respecter ses engagements sociaux et économiques inscrits dans son cahier des charges.
Les manifestants ont décidé de se mobiliser pacifiquement pour revendiquer leurs droits en tant qu'autochtones et exiger des changements concrets dans la gestion de cette entreprise, qui exploite une mine de zinc et de cuivre à haute teneur dans la région.
Les jeunes de Kipushi reprochent principalement à Kico de ne pas impliquer suffisamment les natifs de la région dans ses activités, notamment en ce qui concerne l'emploi et la prise de décision. Selon eux, l'entreprise exclut méthodologiquement les autochtones des postes clés et des instances décisionnelles, ce qui va à l'encontre de ses responsabilités sociétales.
« Nous sommes les enfants de cette terre, mais nous sommes traités comme des étrangers dans notre propre communauté. Kico doit respecter ses engagements envers nous », a déclaré l'un des dirigeants de la manifestation.
Les manifestants ont également dénoncé le manque de retombées économiques pour la population locale, malgré les richesses considérables extraites de la mine. Inaugurée en 1924, la mine de Kipushi a longtemps été un pilier de l'économie régionale, produisant jusqu'à 60 millions de tonnes de minerai avec une teneur de 11 % en zinc et 7 % en cuivre entre 1924 et 1993. Cependant, les habitants estiment que les bénéfices de cette exploitation ne sont pas réinvestis dans le développement de la communauté.
Face à cette situation, les jeunes de Kipushi ont décidé de passer à l'action. Ce lundi matin, ils ont organisé une marche pacifique pour exprimer leur mécontentement et ont lancé un ultimatum de 48 heures à l'entreprise Kico. Ils exigent des réponses concrètes à leurs revendications, notamment une meilleure inclusion des autochtones dans les emplois et les processus décisionnels, ainsi qu'un engagement ferme de l'entreprise à respecter ses obligations sociales et environnementales.
« Si nos demandes ne sont pas prises en compte dans les délais impartis, nous organisons des manifestations de plus grande ampleur dans les jours à venir », ont averti les manifestants. Cette mobilisation s'inscrit dans un contexte national tendu, marqué par des tensions sociales et économiques croissantes dans plusieurs régions du pays.
Les notables et dirigeants politiques de Kipushi ont exprimé leur soutien aux jeunes manifestants, saluant leur courage et leur détermination à défendre leurs droits de manière pacifique. L'honorable Éric Muta Ndala, l'un des dirigeants influents de la région, a félicité les jeunes pour leur sens des responsabilités.
« Ce n'est pas bien qu'il y ait des tensions, mais les jeunes ont raison de se faire entendre. Kico doit répondre aux attentes de la population locale », at-il déclaré. Il a également remercié les forces de sécurité pour leur professionnalisme lors de la manifestation.
De son côté, l'honorable Nanou Mbemba Ebenga a appelé les gestionnaires de Kico à ne pas se laisser influencer par des considérations politiques. « La politique ne résoudra pas les tensions sociales. Nous devons organiser un cadre de concertation pour trouver des solutions durables et permettre à Kico d'être accepté et soutenu par la population », a-t-il affirmé. Il a promis de mettre en place un dialogue entre l'entreprise et la communauté pour apaiser les tensions et garantir un avenir meilleur pour tous.
La mine de Kipushi, relancée en novembre 2024 par le président de la République Félix Antoine Tshisekedi, représente un enjeu économique majeur pour la région et le pays. Située dans la ceinture de cuivre d'Afrique centrale, elle est considérée comme l'une des mines de zinc et de cuivre les plus riches au monde. Cependant, son succès dépendra de sa capacité à répondre aux attentes des populations locales et à respecter ses engagements en matière de responsabilité sociétale.
Moïse Kashala Lubumbashi
Powered by Froala Editor
Lire Aussi:
leave a reply