La tempête Daniel, qui a frappé il y a une semaine la ville de Derna, a fait au moins 11 300 morts, selon un bilan publié, dimanche, par un organisme de l'ONU. Plus de 10 000 personnes restent toujours portées disparues. Une information démentie plus tard par le Croissant-Rouge libyen.
Cependant, le Croissant-Rouge libyen, à qui l'Ocha a attribué ce bilan, a démenti ces chiffres. "Nous nous étonnons de voir notre nom mêlé à ces chiffres. Ils ajoutent à la confusion, à la détresse des familles des disparus", a déclaré à l'AFP depuis Benghazi, le porte-parole du Croissant-Rouge libyen, Taoufik Chokri.
"En Libye, les dégâts provoqués par la tempête sont immenses. La France est solidaire. Notre hôpital de campagne est opérationnel", a annoncé sur X le président français, Emmanuel Macron.
Par ailleurs, quatre membres d'une équipe de secours grecque ont été tués et 15 autres blessés, dont sept "en état critique", dans un "horrible accident" de la route, selon le ministre de la Santé. L'état-major de l'armée grecque a donné, dimanche, soir un bilan légèrement différent dans un communiqué : trois morts et deux disparus.
L'accident s'est produit quand le véhicule de l'équipe grecque, qui était sur la route de Benghazi à Derna, à 300 km à l'est, est entré en collision avec une voiture transportant une famille libyenne, dont trois de ses membres ont été tués et deux autres grièvement blessés, a ajouté le ministre.
Situation humanitaire "sombre"
La tempête Daniel, qui a frappé, dans la nuit du 10 ou 11 septembre, Derna, une ville de 100 000 habitants, a entraîné la rupture de deux barrages en amont provoquant une crue de l'ampleur d'un tsunami le long de l'oued qui traverse la cité. Elle a tout emporté sur son passage.
Le ministre de la Santé de l'administration de l'est de la Libye, Othman Abdeljalil, avait fait état, samedi soir, d'un bilan de 3 252 morts. Dans un communiqué publié plus tôt, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait pour sa part affirmé que les corps de 3 958 personnes avaient été retrouvés et identifiés, et que "plus de 9 000 personnes" étaient toujours portées disparues.
"La situation humanitaire reste particulièrement sombre à Derna", a affirmé l'Ocha, selon qui la ville manque d'eau potable. Au moins 55 enfants ont été empoisonnés après avoir bu de l'eau polluée.
De sous les décombres de quartiers dévastés par les flots ou en pleine mer, des dizaines de corps sont sortis et enterrés chaque jour au milieu d'un paysage de désolation. Selon les témoignages d'habitants, la plupart des victimes ont été ensevelies sous la boue ou emportées vers la Méditerranée.
Des sauveteurs maltais, qui épaulent les Libyens dans les recherches en mer, ont dit avoir découvert des centaines de cadavres dans une baie, sans préciser l'endroit exact, selon le Times of Malta. "Il y en avait probablement 400, mais c'est difficile à dire", a déclaré le chef de l'équipe maltaise Natalino Bezzina au journal, affirmant que l'accès à la baie était difficile en raison de vents forts. Il a ajouté que son équipe avait cependant pu aider à récupérer des dizaines de corps.
Une équipe de secours libyenne sur un zodiac affirme, de son côté, avoir vu "peut-être 600 corps" en mer au large de la région d'Om-al-Briket, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Derna, selon une vidéo sur les réseaux sociaux, sans préciser s'il s'agissait des corps trouvés par les Maltais.
Recherches difficiles
D'autres équipes de secours libyennes et étrangères annoncent retrouver des corps chaque jour, mais les recherches sont rendues difficiles par les tonnes de boue qui ont recouvert une partie de la ville. Des secouristes sont obligés, la plupart du temps, de dégager la terre à l'aide de pelles pour rechercher des corps dans des bâtiments dévastés.
Le travail des secours et des équipes de recherche est par ailleurs entravé par le chaos politique qui prévaut dans le pays depuis la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, avec deux gouvernements rivaux , l'un à Tripoli (ouest), reconnu par l'ONU, et l'autre dans l'Est.
Lire Aussi:Les autorités ont indiqué avoir entamé, par ailleurs, le difficile processus d'identification et de recensement des corps, dont plusieurs centaines avaient été enterrés à la hâte les premiers jours.
Othman Abdeljalil a en outre démenti des informations sur une possible évacuation de la ville, affirmant que "certaines zones" seulement pourraient être "isolées" afin de faciliter les secours. Il a ajouté que ses services en coordination avec l'OMS allaient "intensifier les efforts dans le domaine de l'assistance sociale et psychologique".
Avec AFP
Powered by Froala Editor
leave a reply