Dans un contexte des tensions, le président burundais Évariste Ndayishimiye a effectué ce dimanche 23 février une visite éclair à Kinshasa pour s’entretenir avec son homologue congolais, Félix Tshisekedi.
Arrivé en toute discrétion à bord d’un avion envoyé par la présidence congolaise, le chef d’État burundais n’a passé que quelques heures dans la capitale congolaise avant de regagner Bujumbura dans l’après-midi.
La rencontre entre les deux dirigeants s’est tenue à huis clos dans le salon présidentiel de l'aéroport de N’Djili, durant environ une heure.
Aucune information officielle n’a filtré sur le contenu des discussions, mais le timing de cette visite ne laisse aucun doute sur l’urgence de la situation à l'Est.
Cette réunion intervient dans un climat tendu, deux mois après la visite surprise de Félix Tshisekedi à Bujumbura, où les deux présidents s’étaient également entretenus brièvement à l'aéroport Melchior Ndadaye.
Peu après cette rencontre, le Burundi, principal allié de Kinshasa dans la lutte contre le M23, soutenu par le Rwanda, avait renforcé sa présence militaire dans le territoire stratégique du Masisi.
Diplomatie parallèle
Alors que les présidents discutaient à Kinshasa ce dimanche, des tractations secrètes avaient déjà eu lieu.
Vendredi dernier, une délégation burundaise de haut niveau, comprenant le chef du Service National de Renseignement (SNR), le chef du renseignement militaire, ainsi que le gouverneur de la province de Ngozi— un proche du président Ndayishimiye — s’est rendue discrètement à Kigali. Cette mission, menée à la demande expresse du Burundi, visait à discuter d’une possible désescalade des tensions avec le Rwanda, en lien direct avec la situation chaotique à l’est de la RDC.
Les discussions à Kigali auraient réuni les émissaires burundais et des hauts gradés rwandais, dont les généraux Nyakarundi et Nyirabutama.
Les détails de ces échanges restent confidentiels, mais la volonté d’éviter une confrontation directe entre le Burundi et le Rwanda semble avoir dominé les débats.
Un contexte militaire préoccupant
Sur le terrain, la situation dans l’Est de la RDC continue de se détériorer. Après la perte stratégique de Goma et Bukavu, les forces congolaises et leurs alliés burundais sont sous pression, alors que les rebelles du M23 progressent dangereusement vers Uvira, plus au sud. Ces revers militaires ont probablement motivé l’urgence de cette rencontre entre Tshisekedi et Ndayishimiye.
Que se sont-ils réellement dit ce dimanche matin à Kinshasa ? Les paris sont ouverts, mais une chose est certaine : les prochains jours risquent de révéler les fruits (ou les échecs) de ces manœuvres diplomatiques.
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