La Haute Cour de Nairobi juge la criminalisation des tentatives de suicide inconstitutionnelle. Dans le Code pénal kényan, toute personne qui tente de se suicider est coupable d'un délit passible d'une peine allant jusqu’à deux ans de prison, d'une amende, ou les deux. Une criminalisation contre laquelle se battaient défenseurs des droits humains et des psychiatres, qui ont applaudi un jugement « historique ».
« Criminaliser un problème de santé mentale revient à cautionner une discrimination fondée sur la santé, ce qui est inconstitutionnel » : c’est ce qu’a déclaré le juge de la Haute Cour de Nairobi dans son verdict ce jeudi 9 janvier. Le Code pénal, selon lui, « déshonore les victimes ayant des pensées suicidaires aux yeux de la communauté ». Et expose les survivants à de possibles représailles.
Défenseurs des droits humains et personnel médical se battaient contre cette pénalisation depuis plusieurs années. Un groupement d’organisations de la société civile avaient porté l’affaire en justice début 2022. Leur plainte dénonçait une criminalisation qui participe à la stigmatisation des problèmes de santé mentale au Kenya, et surtout dissuade les personnes souffrant de troubles mentaux de solliciter une aide médicale.
La Commission nationale kényane des droits humains faisait partie des plaignants. Elle a qualifié le verdict d’« historique ». Un pas en avant selon elle pour « susciter une prise de conscience et lutter contre les stigmates ». L'Association psychiatrique du Kenya a salué une décision qui « met fin à une injustice de longue date ». Son président a appelé à la libération immédiate de tous les patients en détention pour tentative de suicide.
Le procureur général doit désormais lancer le processus pour abroger formellement cet article du Code pénal.
Avec RFI
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