Les échanges ont à nouveau été houleux ce mardi 14 octobre entre le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu lors d’une conversation téléphonique entre les deux dirigeants. Le président Macron a une nouvelle fois réclamé la mise en place d’une trêve, alors que sur le terrain, la situation est de plus en plus critique. Une demande qui a été une nouvelle rejetée avant que le ton monte entre les deux responsables.
Le thermomètre des relations bilatérales avait enregistré une chute subite il y a dix jours quand Emmanuel Macron appelé à « cesser de fournir les armes » pour mener les combats à Gaza.
Hier mardi, la température s’est encore refroidie avec la phrase que le président français aurait prononcée lors du Conseil des ministres en France : « M. Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU. Et par conséquent, ce n'est pas le moment de s'affranchir des décisions de l'ONU. » La « décision » invoquée par Emmanuel Macron est la résolution 181 adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies en novembre 1947 qui prévoit la création d’un État juif et d’un État arabe.
Vives réactions de Netanyahu et du Crif
Réponse immédiate du Premier ministre israélien dans un communiqué : « Ce n'est pas la résolution de l'ONU qui a établi l'État d'Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d'indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l'Holocauste - notamment du régime de Vichy en France. »
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi a également réagi sur son compte X, adoptant la même ligne : « Les propos attribués au président de la République, s'ils sont confirmés, sont une faute à la fois historique et politique. Laisser penser que la création de l'État d'Israël est le fruit d'une décision politique de l'ONU, c'est méconnaître à la fois l'histoire centenaire du sionisme, l'aspiration millénaire des Juifs au retour à Sion et le sacrifice de milliers d'entre eux pour établir l'État d'Israël. [...] »
Remous aussi dans la classe politique française
La supposée déclaration d'Emmanuel Macron en conseil des ministres a aussi suscité de l'indignation dans la classe politique française, pointe Aurélien Devernoix du service politique. Et notamment dans les rangs mêmes du camp présidentiel. La députée de la zone Proche-Orient (8ᵉ circonscription), Caroline Yadan se dit « scandalisée par tant d’inconséquence, de capitulation et d’absence de hauteur de vue ». D'autres préfèrent garder le silence pour ne pas afficher publiquement leur désaccord avec le chef de l'État.
L'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls parle lui « d'erreurs et des fautes politiques, stratégiques et éthiques qui affaiblissent la parole de la France » depuis les attaques du Hamas.
Du côté du Rassemblement National, cela tape également fort sur Emmanuel Macron. « Ce type de déclaration vis-à-vis d’un pays ami, est une faute inacceptable », écrit le député RN Sébastien Chenu.
À gauche, les propos présidentiels sont en revanche plutôt bien accueillis, mais sans soutien affiché : « ce sont juste des mots et pas des actions », juge le député Insoumis Thomas Portes.
À l'Elysée, on tente tant bien que mal d'apaiser la situation : le chef de l'État s'est entretenu avec le Premier ministre israélien hier soir, un entretien très frais. Emmanuel Macron a condamné « les frappes indiscriminées israéliennes qui ne font qu'alourdir un bilan humain déjà insupportable, à Gaza comme au Liban ». Le chef de l’État a une nouvelle fois réclamé un cessez-le-feu à Gaza et au Liban. Impossible, selon Benyamin Netanyahu qui assure qu’un cessez-le-feu unilatéral ne changerait pas la situation sécuritaire au Liban.
Un communiqué a suivi dans lequel Emmanuel Macron « redit l'engagement de la France pour la sécurité d'Israël », et en ne revenant pas sur l'historique de la création de l'État hébreu.
Avec RFI
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