Alors que le pays peine à sortir de l'impasse politique, la Cour des comptes dresse, lundi 15 juillet, un tableau peu flatteur des finances publiques, pour le gouvernement sortant. Celui-ci s'était pourtant fixé comme objectif de revenir sous la barre des 3 % de déficit en 2027, et appelle le prochain gouvernement « quel qu’il soit » à réduire la dette.
« L’année 2023 a été une très mauvaise année en matière de finances publiques. (…) Alors que la situation économique s’est normalisée et que l’inflation s’est résorbée, la France se trouve aujourd’hui dans une situation préoccupante. » Dès les premières lignes, le rapport de la Cour des comptes prend des allures de réquisitoires. La France s’est pourtant engagée à plusieurs reprises à revenir sous la barre des 3 % de déficit d'ici à 2027, mais la Cour dénonce une trajectoire « peu ambitieuse » et qui soulève « une question de crédibilité ». Autrement dit : les magistrats financiers ne sont pas convaincus.
En cause, les prévisions de croissance « trop optimistes » du gouvernement de Gabriel Attal mais aussi des économies supérieures à ce qui a été annoncé jusqu’ici et des recettes fiscales mystérieuses.« Nous avons une dette publique de 3 100 milliards d’euros, elle sera probablement de 3 600 milliards d’euros en 2027, nous payons déjà chaque année 52 milliards pour la rembourser, nous paierons 80 milliards en 2027 », s’est alarmé Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes lundi matin sur France Inter.
« Ce rapport ne fait que confirmer ce que je dis avec insistance depuis 2022 et ce que je fais depuis fin 2023 », s’est défendu, lundi 15 juillet, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances depuis sept ans. Le patron de Bercy rappelle qu’il a engagé 25 milliards d’euros d’économies « contre toutes les oppositions » et « dans une grande solitude », laissant entendre qu’il n’a peut-être pas reçu le soutien du camp présidentiel qu’il espérait.
Intégrer l’impact du réchauffement climatique
Alors que le rapport de la Cour laisse entendre que des hausses d’impôt seront inévitables à l’avenir, Bruno Le Maire dénonce « une vision comptable qui ne correspond pas à la réalité économique » : « Nous avons prouvé en 2017 avec l’impôt sur les sociétés que lorsqu’on baisse le taux d’un impôt, il peut rapporter davantage car il crée de la croissance. »
Reste que la France est à la traîne par rapport à ses voisins européens en matière de réduction de la dette. Au moment où Bruno Le Maire participera à son 91ᵉ et dernier Eurogroupe (réunion mensuelle des ministres des Finances de la zone Euro), lundi 15 juillet, Bruxelles ouvrira formellement une procédure pour déficit excessif à l’encontre de sept pays européens, dont la France. « La vie est un éternel recommencement », soupire le ministre de l’Économie qui avait sorti la France du processus en 2018.
L’impasse politique dans laquelle la France semble s’enfoncer depuis la dissolution et des législatives anticipées n’ayant pas permis d’accoucher de majorité claire est aussi une source d’inquiétude pour la Cour des comptes. « Qui que ce soit qui gouverne demain la France, le prochain gouvernement devra réduire notre endettement », a martelé Pierre Moscovici sur France Inter.
L’ancien ministre socialiste de l’Économie assure que la question des finances publiques n’est « ni de droite ni de gauche ». La Cour appelle ainsi à mieux intégrer dans la programmation des finances publiques l’impact de la transition énergétique : « l’inaction climatique, qui aboutirait à un réchauffement incontrôlé, se traduirait par des coûts très élevés. »
Avec RFI
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