Belgique/condamnation de Julienne Mpemba : ce jugement est-il partial ?

La belgo-congolaise Julienne Mpemba


Dans une analyse rendue publique ce mardi 15 octobre 2024, Job Nkuna, expert en protection et adoption internationale des enfants, a partagé une critique acerbe du verdict rendu par le Tribunal correctionnel de Namur, en Belgique. Ce dernier a été condamné Julienne Mpemba, une Belgo-Congolaise, à dix ans de prison avec arrestation immédiate pour son rôle dans des cas d'adoption d'enfants originaires de la République Démocratique du Congo (RDC) en 2015.

Un procès controversé

Selon Job Nkuna, la condamnation de Julienne Mpemba, survenue le 10 octobre 2024, repose sur des fondements injustes. Il dénonce un procès entaché de biais et s'interroge sur le rôle réel de Mme Mpemba dans ces adoptions. Il rappelle que Mme Mpemba, en tant que simple hébergeuse d'enfants, n'avait ni pouvoir administratif ni influence sur les procédures d'adoption internationales. Elle ne délivrait aucun document officiel, ni ne supervisait les processus juridiques relatifs aux adoptions.

Nkuna souligne qu'aucun enfant ne peut quitter la RDC pour la Belgique sans l'autorisation de la Direction belge de l'Adoption, et que c'est l'Ambassade de Belgique à Kinshasa qui, à l'époque, s'assurait de la validité des documents avant de délivrer les visas Schengen aux enfants adoptés. Pour l'expert, il est donc injuste de faire porter l'entière responsabilité de ces procédures complexes à Mme Mpemba, alors que d'autres acteurs impliqués dans la chaîne d'adoption, y compris des responsables belges, restent étrangement absents du procès.

Un procès aux relents de discrimination ?

L'analyse de Job Nkuna va plus loin en évoquant une possible discrimination raciale. Il s'interroge sur la raison pour laquelle Julienne Mpemba, une femme d'origine africaine, est la seule à être inculpée, tandis que les responsables des organismes belges d'adoption et les autorités diplomatiques de l'époque échappent à toute poursuite judiciaire. Pour lui, cette situation soulève des questions sur un traitement différencié selon l'origine des accusés.

Les frais d'adoption au cœur de la polémique

Le Tribunal correctionnel de Namur a également reproché à Mme Mpemba un "monnayage à haut prix" des enfants adoptés. Nkuna réfute cette accusation, car les frais payés par les familles adoptantes sont strictement réglementés et ne constituent en aucun cas un "prix de vente" des enfants. Ces frais couvrent les coûts liés à la prise en charge des enfants et, dans la plupart des cas, reviennent principalement aux organismes d'adoption agréés en Belgique (OAA), tandis que les orphelinats ne reçoivent qu'une faible part.

Appel à la libération de Julienne Mpemba

Pour conclure, Job Nkuna appelle les autorités belges à réexaminer le cas de Mme Mpemba. Selon lui, cette dernière est victime d'une injustice flagrante et sa libération sans condition serait une manière de restaurer l'image de marque du Royaume de Belgique, réputée pour sa rigueur en matière d'adoption internationale.

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