Le trafic illicite de minerais en RDC atteint des proportions alarmantes.
Selon un rapport confidentiel d’experts des Nations Unies, une quantité considérable de ressources stratégiques – dont le tantale, l’étain et le tungstène – est exfiltrée chaque semaine vers le Rwanda, où elle est ensuite recyclée dans les circuits commerciaux officiels.
Cette contrebande s'opère dans un climat de tensions sécuritaires persistantes dans la région du Kivu, où les rebelles du M23, soutenus militairement par Kigali, occupent plusieurs zones minières.
Le rapport pointe du doigt une stratégie de dissimulation : les minerais congolais volés sont mélangés à la production locale rwandaise pour être ensuite exportés comme étant d’origine rwandaise, faussant ainsi les mécanismes internationaux de traçabilité.
La RDC et le Rwanda représentent à eux seuls près de 60 % de la production mondiale de tantale, un métal indispensable à l’industrie électronique.
Des chiffres contradictoires émergent aussi du côté rwandais. Alors que les autorités déclarent produire entre 8 000 et 9 000 tonnes par an de minerais stratégiques, des données issues de sources indépendantes et d’institutions statistiques rwandaises montrent une surestimation volontaire, destinée à masquer l’origine réelle des cargaisons.
Le conflit en cours ne se limite pas à une simple question économique. Il s’agit d’une lutte d’influence régionale, où Kigali chercherait à étendre son contrôle territorial et économique sur le sol congolais, selon plusieurs diplomates onusiens.
Un accord de paix, signé la semaine dernière à Washington avec la médiation américaine, prévoit la désactivation des groupes armés, y compris le FDLR, souvent utilisé comme prétexte par Kigali pour justifier ses incursions. Mais la mise en œuvre de cet accord demeure fragile, tant les intérêts économiques en jeu sont importants.
Dans un contexte où l’or de l’Ituri alimente le marché ougandais et où les ressources minières congolaises continuent de financer des réseaux mafieux régionaux, la RDC se trouve une fois de plus confrontée à un pillage organisé à grande échelle, qui mine sa souveraineté et freine tout espoir de développement durable.
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